STREET ART + CINEMA est une base de données qui met en avant le travail d’artistes urbains à travers le monde s’inspirant du 7ème Art. Créée en 2013, elle est composée, au 1er janvier 2016 de 1314 photos d’art urbain, inspiré par 328 films et 172 stars du cinéma et réalisés par 241 artistes (identifiés) dans 209 villes et 40 pays.
Beaucoup d’ oeuvres de l’artiste Big Ben sont présentes sur le site streetartcinema.com: de Godard à Buster Keaton, en passant par Blanche Neige et Marilyn Monroe, il nous offre une palette très large de sa face cinéphile. Basé à Lyon, autodidacte, Big Ben exerce dans les rue de France depuis 2011 et revendique s’inspirer des célèbres Banksy et autre Blek Le Rat. Sa grande imagination et son talent l’ont amené à collaborer avec différents artistes et à exposer à la Biennale d’Art Contemporain de Lyon (en 2013) et dans différentes galeries de Paris et Strasbourg.
. As-tu toujours vécu à Lyon? Y avait-il du street art/graffiti dans les rues de ton enfance et y étais-tu sensible ou plutôt indifférent à l’époque?
J’ai grandi en région Parisienne dans les années 80 c’était le début des graphs. A l’époque j’étais fasciné par cette peinture. J’adorais les arrivées en train à Paris, à chaque fois je faisais de nouvelles découvertes, de nouveaux lettrages et des nouveaux graphs à admirer.
Je suis arrivé à Lyon à la fin du siècle dernier et j’ai commencé à peindre en 2010.
Lyon est le berceau du 7ème Art. Qu’est-ce qui est entré en premier dans ta vie, le cinéma ou le street art? et comment? quels sont les premiers films qui t’ont marqués? les premières oeuvres de rue qui ont attiré ton attention?
Le cinéma à bercé mon adolescence, j’allais à Saint Denis, au cinéma “L’écran” voir des films. A l’époque, j’ai été marqué par le cinéma de Peter Greenaway, les films de Röhmer, de Truffaut. Aujourd’hui j’aime bien le cinéma de Mike Figgis, Larry Clark et Xavier Dolan.
Puis quelques années plus tard je me suis intéressé aux Street Art. Les premières œuvres à m’avoir marquées sont celle de Ernest Pignon Ernest, de Banksy, Miss Tic, Jeff Aerosol et C215.
. Tu colles depuis 2011. Que faisait Big Ben avant le Street Art? Pourquoi as-tu choisi le pochoir plutôt qu’une autre technique? T’intéresses-tu à d’autres techniques?
Avant de faire de la peinture, mon penchant artistique s’est porté sur l’architecture et les métiers du bâtiment. Cela m’a permis de découvrir différentes techniques et différentes matières. Puis le Street Art m’a donné l’envie de peindre et comme j’étais attirée par la peinture aux pochoirs, à cause de l’émotion qu’elle suscitait, je me suis mis naturellement à faire des pochoirs. Mais il m’a fallu plus d’une année avant d’aller coller une première peinture dans la rue.
. Tu as collaboré avec différents artistes. Raconte nous quelles créations tu as développées et en quoi le fait de travailler en duo modifie le processus de création.
J’aime les collaborations artistiques car elles sont enrichissantes, elles poussent à repousser les limites de l’artiste. Il y a toujours au départ une rencontre et une envie de croiser deux univers différents, pour n’en donner qu’un. Ma recherche dans la collaboration est d’aboutir à la création d’une œuvre harmonieuse qui respecte les univers mélangés. Difficile de m’exprimer sur toutes, il vaut mieux les voir pour s’en faire un avis, mais une des collaboration qui m’a le plus amusé c’est avec Don Mateo. Une partie de ping pong pictural… Il y a une grande porte en bois, rue Poivre à Lyon et sur cette porte Don Mateo avait collé une peinture. Un portrait de femme qui regarde tendrement vers le bas. Il y avait de la place et je suis allé coller un homme la regardant avec un bouquet de fleurs rouge dans son dos. Don Mateo a ensuite peint un cupidon prêt à tirer en direction des deux personnages. Entre temps une lettre avec un cœur est apparue sur la porte (je n’ai jamais su qui l’avait collée). J’ai effacé le bouquet du dos de mon personnage et j’ai collé un bras tendu tenant le bouquet de fleur en direction de la jeune femme…
. Coller à Lyon ou à Paris c’est la même chose pour toi? ou adaptes-tu ton travail non seulement au support mais aussi à la ville où tu trouves, selon son histoire et son identité?
J’aime lorsque ma peinture raisonne avec le lieu où elle se trouve, le spot fait partie de l’œuvre. Je colle souvent au-dessus d’une plaque de rue en essayant de faire en sorte que cela apporte un autre degré de lecture. Par exemple j’ai collé un portrait d’Eminem faisant un doigt au-dessus du panneau « rue de la Tourette ». La maladie de la Tourette pousse les personnes qui en sont atteinte à dire des grossièretés. Cette peinture qui dit des gros mots aurait pris un autre sens ailleurs.
J’essaie d’avoir la même démarche lorsque je colle en dehors de Lyon.
. Comment décrirais-tu la scène urbaine et le street art en particulier sur Lyon et ses environs?
Lyon est une ville avec une très bonne effervescence artistique, et en plus les artistes sont sympas. Le Street Art à Lyon est à l’image de la ville il n’est pas tape à l’œil, il faut le chercher et lorsqu’on le trouve on découvre des pépites.
. As-tu déjà collé en dehors de la France et si oui, quoi, où et dans quelles circonstances?
Non l’occasion ne s’est pas encore présentée.
. Parles nous de tes oeuvres inspirés de films et de personnalités du cinéma. Pourquoi ces films? Pourquoi ces stars?
Je fais assez rarement des peintures inspirées du cinéma ou d’un film en particulier mais lorsque l’on commence à peindre pour mettre en extérieur, il y a des incontournable, comme Marylin Monroe, Charlie Chaplin… Je porte une affection particulière au réalisateur/acteur Buster Keaton, à mon avis trop oublié aujourd’hui. Le peindre sur un mur c’est lui donner une seconde jeunesse, le faire revire. Buster
Keaton et un personnage tiré d’une autre époque, il est drôle et pathétique avec une certaine classe. De plus son cinéma était spectaculaire, il était très bon cascadeur donc rien de très surprenant de le voir aujourd’hui dormir à en équilibre à 3 M de haut.
. Comment choisis-tu le film/la personnalité à qui tu vas rendre hommage? est-ce en lien avec ce que t’a procuré le film lors de son visionnage? ou est-ce lié à des paramètres extérieurs au film lui-même?
Lorsque je crée une peinture, je suis à la recherche de symboles ou d’images chargées qui ont un sens dans l’inconscient collectif. Ensuite je détourne cette image pour me l’approprier et lui donner un autre sens. J’aime me détacher du film car le film est l’œuvre du metteur en scène je trouve peu d’intérêt à reprendre une image de film sans la détourner. Il faut s’approprier une image avant de la peindre pour lui donner la profondeur de son art.
. Y a-t-il des films que tu aimes particulièrement en tant que spectateur mais qui te paraissent incompatibles avec le Street art et pourquoi?
Aucun film ne me semble incompatible avec le Street Art, le Street Art est un art ouvert ou le meilleur et le pire ont leur place, c’est au spectateur de chercher et de trouver ce qu’il aime.
. Quels sont tes projets en cours et à venir?
Mes projets en cours sont des projets de rue, il y aura des expositions dans le prochains mois et je peins avec un peintre expressionniste : Nicolas Cluzel. Nous faisons des peintures à quatre mains, on mélange nos univers artistiques très différents, moi avec des taches de couleurs franches et des traits précis et Nicolas Cluzel avec des taches du mouvement du fond. Le résultat est surprenant et différent à chaque toiles. (http://nicolascluzel.com/)
BIG BEN sur STREET ART + CINEMA – Galerie Big Ben
STREET ART + CINEMA – www.streetartcinema.com
BIG BEN – http://bigbenstreetart.com/